Depuis Tropéa ce fut un long silence si ce n’est quelques photos sur facebook de couchers de soleil et nuages…mais le cœur n’est pas vraiment à l’écriture ! Ce retour est difficile tant côté météo et conditions de navigation que sur le plan moral. Si j’ai du mal appréhender un retour à la vie terrienne il me tarde pourtant de désormais mettre un point à cette aventure…et nous n’avançons pas comme nous le souhaitons, étant retardés par une météo capricieuse. Les dépressions se succèdent, alternants avec de grands calmes…quand traverser, « that is the question » et tous les jours, l’analyse des gribs ne nous apporte que déconvenues !
En attendant, nous allons rester à Ajaccio…car remonter au moteur à Cargèse ne nous apportera pas grand-chose de plus, alors…nous patientons amarrés au port, avec le confort des douches chaudes, l’électricité et une ville plutôt agréable, entre modernité et histoire !
Pour faire bref, les navigations ne furent pas un plaisir : renfiler les combis, affronter de nouveau du froid et la pluie, faire beaucoup de moteur ou se taper du gros temps…
En quittant Tropéa, le mercredi 25/09 au matin, nous pensions faire une halte à Camérota, mais l’entrée du port s’est ensablée et nous plantons la quille. De nuit, difficile de voir les fonds…Inutile d’insister, nous ressortons et décidons de poursuivre jusqu’à Agropoli, histoire de refaire du gazoil. Faut dire qu’on en consomme avec ce peu de vent qui nous fait tourner au moteur ! Nous y arrivons jeudi matin, fatigués mais sans plus et le plein refait on cherche où jeter la pioche. Le mouillage est exposé, plein de filets de pêcheurs et les fonds très caillouteux…Nous poursuivons jusqu’à Capri !
Le mouillage de la côte ouest est bondé, on se rabat sur le port, pensant qu’en cette saison les tarifs seraient en baisse. Que nenni…110 euros la noché !
On file dans la baie de Naples, à Puolo, enfin un mouillage tranquille ! Nous sommes jeudi 26, il est 20 heures et l’envie de se poser se faisait sentir…Mais les 160 milles parcourus nous ont avancé pour traverser sur la Sardaigne !
Nous patientons jusqu’au samedi pour reprendre notre route. Les gribs nous donnent des vents de SE virant SSW à 15 nds, parfait !
C’était là encore sans compter sur les caprices d’Eole qui ne nous afflige que de tout petit air, pas vraiment de quoi gonfler les voiles ! Après cette journée de moteur, nous abandonnons la partie et allons passer la nuit sur l’île de Ponza, en croisant les doigts pour que le vent s’installe le lendemain !
Les gribs nous donnent toujours du Sud mais qui revirera lundi à l’Ouest. On devrait avoir suffisamment avancé pour ne pas avoir trop de route à faire vent de pif !
On avance nickel, un régal, surtout avec les dauphins qui viennent faire la course avec Ladybird. Ca faisait bien longtemps que nous n’avions été accompagnés ainsi…L’un d’entre eux s’amuse à nous faire des cabrioles et à retomber dans des splashs retentissants ! Pendant près d’une heure ce sera festival aquatique, ce qui me tire des larmes d’émotion à l’idée que ce sont certainement les derniers ou presque que je verrai…Puis pas le temps de gamberger, là, ça se corse ! Le vent commence à sérieusement s’installer de secteur ouest et forcit à vue d’œil ! 1 ris, puis 2 puis 3…le vent pousse à 35 nds, la mer se creuse au passage d’un plateau sous-marin dont je ne sais le nom !... des creux de 5 mètres, des vagues qui déferlent…pas que du plaisir mais le bateau répond vraiment bien ! Lundi soir, stau quo, le vent est bel et bien parti pour durer ainsi, la mer aussi ! Nous installons le tourmentin et faisons cap au NE !!! pas vraiment notre route, mais de nuit c’est plus prudent !
Au petit matin, le calme revient…impressionnant ! plus de vent !!! tellement plus de vent qu’il nous faut envoyer le moteur !!! Heureusement, ça ne dure pas et Zéphirin revient…mais toujours plein ouest !
Ce sera une longue, très longue journée à tirer des bords de prés serrés, puis une nuit… pour arriver enfin à Porto Cervo en Sardaigne au petit matin du mercredi 2/10 ! Fourbus, vannés, on prend un corps-mort, admirons le lever de soleil et plongeons dans les bras de Morphée !
Porto Cervo est un ancien village de pêcheurs réhabilité pour milliardaires et stars du show-bizz. Tout y est propret, des magasins de luxe bordent les rues mais en cette saison, c’est mort…même la boulangerie a portes closes ! Là encore, nous attendons un bon créneau météo pour traverser les bouches de Bonifacio dont la sale réputation n’est pas à faire !
Vendredi 4/10, vent de sud à 15 nds, voiles hissées dans la baie et affalées à l’entrée de la calanque de Bonifacio ! C’est presque parfait !
Pour une fois le vent est rendez-vous, ni trop, ni trop peu…seul le soleil fait défaut et nous ne profiterons pas de la beauté des îles de l’archipel de la Maddalena ni des Lavezzi. On ne peut pas tout avoir et j’avoue que de voiler confort, ça fait du bien !
Nous trouvons une place au quai à l’entrée du port et restons à Bonifacio 2 jours. Nous voici donc de nouveau en France…
L’envie d’une bonne baguette avec un calendos…une entrecôte bleue…Hum, c’est bien bon quand même ! Nous aurons le temps pour les spécialités locales !
La vieille ville a beaucoup de charme et c’est avec plaisir que je vais y trainer mes sandales. Et puis faut vous dire que ma petite belle-fille est Corse et que je suis curieuse de découvrir les charmes et beautés de son île !
Lundi 07/10, direction Ajaccio : pas de vent, une fois encore, excepté pour les 6 derniers milles. On l’a dans le pif mais tant pis, on voile…on tire des bords !
Le ciel est chargé, ce ne sont que dépressions orageuses sur dépressions orageuses…mais nous sommes en automne, rien de plus normal !
En attendant, nous sommes un peu perplexes sur notre traversée pour Marseille, les fichiers ne sont vraiment pas cools ! coups de vent ou pas de vent…
Ici, la mer fait vraiment le gros dos quand le vent s’excite, et il n’est pas question de s’embarquer au petit bonheur la chance. Alors nous attendons…
Je vais profiter de cette escale pour un bain dans l’histoire de notre cher Napoléon, et me restaurer des spécialités locales!!!
J’espère que le prochain petit mot sera pour vous raconter notre dernière traversée…