Non...nous ne sommes pas en stage intensif de préparation à notre futur rôle de grands-parents mais avons tout simplement retrouvé une amie Turque, rencontrée il y a 7 ans de ça sur les bords de Garonne, et qui après avoir voyagé en bateau est rentrée au pays! Encore un grand moment comme vous devez vous doutez...
Nous avons laissé passer le coup de vent de sud, bien abrités à Karaca Sogüt, bien occupés aussi en petites bricoles et balades. Ce petit village niché au fond d’une baie est plus que paisible et à peine sortis du bourg, nous sommes en pleine nature!
La région est agricole. La plaine produit fruits et légumes qui alimentent les marchés de la région, les pâtures accueillent de nombreuses vaches, et les sous-bois regorgent de ruches!!! Le tourisme est ici peu développé, la région est préservée de ces hideux villages de vacances. Nous nous y sentons bien!
Mardi 30/10: Nous quittons notre ponton avec l’idée de rejoindre Sehir Adalari mais à l’approche de l’île, les nombreux mâts de bateaux au mouillage nous dissuadent de nous y arrêter. Nous verrons cela au retour, ce sera peut-être moins «encombré»!
Nous poursuivons notre route jusqu’à Akyaka, tout au fond du golfe, dans l’espoir de réussir à contacter Ayten, notre copine Turque. La nav n’a rien de transcendant, nous nous trainons comme des loches à 2,7 nds de moyenne dans un vent quasi-inexistant, mais au moins, on a le temps d’apprécier les paysages! Entre minéral et végétal, la côte offre des paysages superbes!
Après 3h30 à ce rythme, nous jetons enfin la pioche (37°02’98N; 28°19’26E) face à cette petite station balnéaire.
Dés le lendemain, nous envoyons un petit mail à Ayten qui nous répond, trop heureuse elle aussi de nos futures retrouvailles!
Notre première journée, nous la consacrons à remonter en annexe la petite rivière d’Akyaka, endroit charmant où il fait bon louvoyer dans les roseaux, se délecter d’un thé au bord de l’eau, et observer une faune importante de volatiles en tout genre...
Puis un tour en ville nous permet d’apprécier le charme de cette petite bourgade aux maisons basses dont les balcons ouvragés dénotent d’un raffinement certain. Adossé à des montagnes couvertes de pins, le village s’étage sur la colline. La partie basse, récente, est tournée vers le tourisme alors que la partie haute est le coeur de l’ancien village.
Le lendemain, nous allons faire un tour au marché pour réavitailler le bord. Après avoir fait nos emplettes, nous nous attablons pour grignoter un gözleme. Nous prévoyons de rentrer à bord pour voir si Ayten nous à répondu pour que l’on se fixe un rendez-vous et c’est alors que je la vois arriver, bras ouverts et sourire radieux aux lèvres...elle nous avait vu passer au loin, nous cherchait depuis ce matin, et se doutait que nous serions au marché! Moment fort d’émotions après tant d’années...
Là, tout s’enchaine...nous allons chez elle, rencontrons ses parents et Robin, son petit bout de chou qui va bientôt souffler sa 1ère bougie...nous nous racontons nos dernières années, nous remémorons les moments passés ensemble au coin de la cheminée à Cardan, faisons des projets pour les jours à venir...
Sam, le papa de Robin, que nous avions retrouvé à Syracuse en Sicile arrive demain soir avec sa compagne et nous serons alors tous réunis...trop cool!
Vendredi, Ayten nous propose d’aller à Pula et Mugla où elle doit donner un cours, ce qui nous laissera le temps de baguenauder dans les vieux quartiers ottomans. Cette ville universitaire est très agréable et a su préserver sa vieille ville.
Nous nous perdrons dans un lacis de ruelles aux maisons chaulées, découvrirons le travail d’un étameur, achèterons du halva (pâte de sésame, nature ou agrémentée de pistaches, c’est un délice!)...en attendant que Ayten ait fini de bosser.
Au retour, sa maman nous a concocté un repas que nous partageons tous ensemble...nous nous sentons accueillis avec beaucoup de chaleur mais il est aussi temps de rentrer. La grande nouvelle de la journée: Robin a fait ses premiers pas en solo!
Le lendemain, nous préférons les laisser se retrouver avec Sam. Et puis Manu a besoin de refaire un plein de tabac. Nous en trouverons au marché de Gökova, à 6 km d’Akyaka. Il est possible de longer la rivière pour s’y rendre, ce sera l’occasion d’une belle balade!
En route, nous faisons la connaissance de Carlos, un Chilien qui vit ici. Spontanément, il nous propose de nous prêter des vélos...et nous terminons ainsi le chemin à bicyclette! Plutôt cool, car il fait une sacré chaleur...
Au marché, Manu trouve effectivement son bonheur. Ce nouveau tabac est plus léger que celui de Canakkale mais il faudra faire avec...il en prend 1 kg!
Nous en profitons pour reprendre du miel, pour nous puis pour remercier Carlos et sa femme.
Avant de prendre la route du retour, nous faisons une pause thé...et voyons débarquer Sam et Florencia! Décidément, les marchés sont propices aux retrouvailles!
Au retour, nous faisons une halte aux tombes lyciennes. Ce sont les premières que nous voyons. Ces tombeaux creusés dans la roche étaient le symbole de la richesse des familles des défunts . Ce rite funéraire débuta au 4ème s. avt JC et se poursuivit jusqu’à la période hellénistique. Pour l’instant, nous n’en savons pas grand-chose mais lorsque nous poursuivrons plus bas notre route, nous entrerons dans le royaume de Lycie et je pourrai apporter de l’eau à notre moulin...chaque chose en son temps!
Nous rapportons les vélos et passons encore un agréable moment avec Carlos et sa femme, à discuter autour d’un thé. Ils vivent en vendant leur artisanat pendant la période estivale et c’est avec plaisir que je m’offre un joli collier!
Les moustiques commencent à attaquer sévère, rappel que la nuit ne va pas tarder à tomber et il nous reste encore un bon bout de route à faire!
Dimanche, journée rando! Ayten nous emmène en montagne...paysages superbes, terre ocre, forêts et rocailles...
Arrivés en haut, nous découvrons toute la baie, et puis un petit resto est installé et nous nous nous restaurons de gözlemes...après l’effort, le réconfort! Surtout qu’Ayten avait oublié le sac à dos de Robin, et il a fallu un relais pour le porter pendant les 3 heures de grimpette!
De retour à la maison, la maman d’Ayten est en train de préparer du pain et des gözlemes...nous voilà embauchés! Manu est de surveillance pour la cuisson, Florencia est préposée à la confection des boules, j’aide Ayten à la préparation de la farce, j’alimente le feu de brindilles et essaie d’étaler la pâte...une cata!!! Ca parait pourtant simple...mais, rien à faire, je n’ai pas le coup de paluche et me retrouve toujours avec des trous dans mes galettes!!! Elles porteront d’ailleurs le nom de gözlemes doudou, reconnaissables entre toutes!
On s’en régalera quand même!
Encore une superbe journée, partagée entre amis mais il nous faut penser à la suite du programme. Un fort coup de vent de nord est prévu pour jeudi et on aimerait faire une petite nav de 2 jours tous ensembles.
Départ prévu pour mardi matin, rendez-vous à 9h!
Nous consacrons la journée de lundi à préparer le bateau pour accueillir tout ce petit monde: préparer un peu de bouffe histoire de ne pas avoir à le faire quand nous serons 6 à bord, organiser les couchages et libérer la cabine arrière qui nous sert de «dépotoir», et nettoyer un peu!
Mardi 6/11: Partis chercher nos amis comme convenu, Manu ne revient qu’avec Ayten et le petit Robin. Sam et Florencia se défaussent, craignant qu’il ne soit difficile de partager un si petit espace. Nous sommes déçus mais à chacun ses raisons et ses choix, nous les respectons.
A peine à bord, Robin bebek prend ses marques et semble très à l’aise. Le temps de s’organiser un peu avec les sacs, de boire un café et nous voilà partis pour Sehir Adalari, à 7 petits miles de là. Il n’y a pour ainsi dire pas de vent mais nous tentons quand même de hisser les voiles. Au bout de 10 minutes on se retrouve scotchés et envoyons la risée Nanni, comprenez le moteur!
2 heures plus tard, nous jetons l’ancre dans la baie de Sehir Adalari (36°59’65N; 28°12’45E), appelée aussi l’île de Cleopatra. Cette fois, nous sommes seuls au mouillage. Seul un voilier est amarré au petit quai des gülets, devant l’entrée du site.
Il fait beau et chaud, nous trainons un peu trop à déjeuner dans le cockpit, tant et si bien que lorsque nous nous décidons à aller balader sur l’île, le guichetier nous fait gentiment remarquer qu’il ne nous reste qu’une petite heure avant la fermeture...nous reviendrons demain matin!
La soirée est aussi très douce et c’est avec plaisir que Manu raconte le ciel étoilé à Robin, qui semble se plaire à l’écouter!
L’histoire de l’île s’étire sur une très longue période, et quelques traces restent encore visibles de ces occupations successives: un théâtre caché dans les oliviers, quelques vestiges du temple d’Apollon, des traces de l’agora et des murs de l’ancienne cité, les anciennes citernes souterraines, les bases d’ une église, et...la plage de Cleopatra!
Tout cela dans un paysage de maquis et d’oliviers, l’endroit est délicieux et nous sommes les seuls visiteurs en cette saison!
La renommée de l’île tient surtout à cette plage, dont le sable aurait été transporté d’Egypte sur les ordres de Cléopatre, afin qu’Aurèle, son amant, puisse venir s’y prélasser...fallait y penser quand même!
Après avoir sillonné l’île, nous venons profiter de la plage!
Ayten se baigne pendant que Robin pique un roupillon.
Pour ma part, l’eau est désormais trop fraiche et je ne ferais qu’un bain de pieds...fouler ce sable dont la texture est très douce et où Cleopatra a dû se vautrer au soleil...
La plage est patrimoine protégé, seule la partie bord de mer est accessible, et sous condition...pas de chaussures et douche obligatoire à la sortie! A cette occasion, Ayten trouvera des oeufs, tout frais pondus par les nombreuses poules qui squattent l’île.
A son réveil, Robin bebek se fait un plaisir d’aller barboter dans ces eaux cristallines mais il est temps de penser à lever l’ancre pour aller se mettre à l’abri!
Cette fois, nous avons du vent et hissons les voiles au mouillage. Dommage que la nav soit si courte, 5 miles et nous sommes rendus.
Une dernière soirée soirée à bord et le temps du départ est venu.
Jeudi 8/11 au matin, Sam, Florencia et la maman d’Ayten viennent partager un dernier p’tit déj, et récupérer nos marins...les promesses de se revoir bientôt sont faites, et nous les voyons partir le coeur serré.
Le bateau semble bien vide et calme sans les babillages du petit bout de chou!
Depuis leur départ, le vent a commencé à s’installer et depuis n’a de cesse de souffler. Nous avons bien fait de nous caler à l’abri, car même ici nous accusons des bonnes bouffioles à 30 nds, un vent constant autour des 20 et nous sommes dans la zone la plus protégée. Ca doit décoiffer sérieux en mer Egée!
Il est vrai que le BMS tombé, annonçait un 8 à 9 beaufort sur les Cyclades. Alors, soyons heureux, même si Manu a peu dormi cette nuit!
Nous sommes en novembre, toujours en tenue ultra légère et seuls ces coups de vent, les journées plus courtes, et la température de l'eau nous rappellent que l’hiver n’est pas loin. Nous nous y attendions et devrons faire avec jusqu’à la sortie d’eau de ladybird.
Le golfe de Gökova offre de nombreux abris et reste la zone la plus épargnée dans notre secteur. Les paysages y sont magnifiques...nous y sommes bien!