…Il voit rouge, les fichiers météos virent au vert et nous on palit !!! Sale temps pour les mouches, et pour le marin peu enclin à batailler au prés. Il est un dicton qui dit qu’à trop regarder la météo on reste au bistrot mais enfin là…trop, c’est trop !!!
Nous remontons donc façon lambinards…
A peine le temps de rejoindre une nouvelle île et le meltem, ce furieux, reprend du service ! Nous nous retrouvons donc régulièrement scotchés pendant plusieurs jours, mais les rencontres ou retrouvailles permettent de ne point se languir et d’aller se balader à terre à tour de rôle sans crainte de laisser le bateau seul au mouillage, sans risque de le voir se faire la cerise sans nous ! Faut dire qu’avec 30 nds de vent en moyenne, sans compter les rafales, le risque est bien réel de déraper…
Depuis le départ de Julie et Gildas, nous n’avons pas beaucoup avancé…
Jeudi 25/07 : Nous quittons Paroikia sur l’île de Paros pour rejoindre Vathi, sur l’île de Sifnos. Une navigation au top, un bon vent qui nous fait faire les 33 miles en 5 heures de temps.
L’arrivée, elle, nous réserve une bien mauvaise plaisanterie ! Il nous faudra quasi 2 heures pour mouiller !!! L’ancre ne veut rien savoir sur ce fond de sable dur…Autant dire que c’est gavant de refaire par 10 fois la manœuvre, remonter cette saloperie de CQR, trouver un autre coin de sable, la rebalancer en se disant que cette fois c’est la bonne…voir de nouveau le paysage défiler lors de la marche arrière et entendre celui, ou celle, à la barre dire « Ben non, on n’a pas accroché…on r’commence » !!! Bref, à force de tentatives, on réussit à l’y faire prendre la bougresse (36°55’86N ; 24°41’33 E) et charge à Manu de plonger pour s’assurer de la chose…
Eduardo et Coca, sur Patagonia, arrivés peu de temps après nous, ont préparé l’apéro et nous allons nous poser enfin autour d’un verre de blanc bien frais et mérité, pour les filles, et des jus pour ces messieurs…
Le lendemain de notre arrivée, le vent reste modéré et nous partons avec Manu balader à Artemonas, ravissant village perché sur une colline. Maisons populaires et demeures néoclassiques forment un ensemble harmonieux et ses ruelles pavées serpentant entre les murets de pierres sèches sont délicieuses.
Nous redescendons à pince pour Apollonia mais le temps nous manque pour poursuivre sur Kastro. Retour à Vathi en bus !
En rentrant, c'est encore une belle rencontre avec Gabrielle, Pierre, leurs enfants et leur nièce que nous feront...le temps d'un goûter et d'un plouf à bord de Ladybird, un bout de rêve pour ces voyageurs terrestres. D'ailleurs, Pierre a préféré resté sur le plancher des vaches pendant l'escapade du reste de la famille!
Eole décide de reprendre du service et le lendemain Manu préfère rester à bord. Qu’à cela ne tienne, nous partons avec Patagonia pour Kastro et Apollonia !
Superbe balade dans ces villages.
Descendus du bus à Apollonia, nous rejoignons Kastro, ancienne capitale de l’île jusqu’en 1836, à pieds. Sur son piton rocheux, le village domine le vieux port.
Les maisons s’appuient sur les vestiges des remparts et quelques colonnes du 5ème siècle avt JC viennent étayer les constructions. De nombreux blasons gravés au-dessus des portes rappellent aussi le passé de cette adorable petite cité.
Rien de plus naturel que de s’offrir un p’tit resto au bord de l’eau !
Nous revenons à Apollonia, l’actuelle capitale de l’île, construite en amphithéâtre sur les versants de trois collines et entourée d’oliveraies. Très touristique, de nombreuses échoppes et bars bordent les ruelles et les maisons ont troqué le traditionnel bleu pour des couleurs plus chatoyantes.
Nous avons une mission avant de rentrer : faire quelques courses !
Une folle idée est venue à l’équipage de Patagonia, qui, ayant un service à fondue à leur bord, souhaitent ardemment que les franchouillards que nous sommes leur fassent honneur en leur préparant une bonne savoyarde !
Nous leur expliquons qu’il va être difficile de trouver les ingrédients, qu’il fait chaud pour déguster ce plat d’hiver…rien n’y fait, sont terriblement têtus les argentino-vénézuéliens !!!
Nous trouvons le petit supermarket qui fera notre bonheur, et je fais emplette de différents fromages dont de l’emmental, du brebis et je ne sais quel autre à la mine bien appétissante ! Une bonne bouteille de Santorini vient compléter celle que nous avons déjà à bord et rendez-vous est pris pour une « fondue- party » le lendemain. Ce soir, soirée « crêpes », amoureusement préparées par Manu pendant que nous étions en baguenaude ! Ça a du bon ces coups de vent !!!
Le lendemain, ça zeffe vraiment dur et personne ne part vraiment loin…petite balade sur la colline pour nous, sieste pour les potes.
Le soir venu, nous voilà devant les fourneaux ! Le vin grec remplace le vin de Savoie, la grappa remplace le kirsch et nos fromages se lient parfaitement. Un régal !
Certains s’en sortent mieux que d’autres pour ne laisser échapper leur bout de pain et Coca se régale du fond du caquelon !
Repus, on boate béatement dans le cockpit pendant que la miss s’essaie à un son et lumière…
Toutes les bonnes choses ont une fin, une dernière journée à partager, à recoudre leur bimini qui fait triste mine par endroit, un bon petit resto le soir et nos chemins se séparent. Pour eux, amorce de la descente vers le sud (retour au vénézuala prévu au printemps), pour nous, la dure remontée vers le nord (ma cousine arrive dans une quinzaine).
Mardi 30/07 :Sifnos-Serifos, 18 miles en 4h30…une grosse houle freine le bateau !
Là, aucun souci pour mouiller dans la jolie baie de Koutala (37°08’20N ; 24°27’36 E), l’accroche est parfaite…
L’île, désertique et rocailleuse, connut un grand essor au 19ème siècle grâce à son sous-sol riche en métaux. La baie dans laquelle nous sommes est un des sites sur lequel était extrait le cuivre et autre minerai. Il reste quelques traces de cette exploitation mais un terrible incendie ayant ravagé l’île la semaine dernière, les collines et anciennes mines sont noires.
Le village se résume à quelques maisons et une petite taverna, de jolies plages tranquilles… ici pas de tourisme de masse mais pas de bus non plus pour rejoindre la chora ou Livadi. Nous prendrons donc un taxi ! Avant de partir, nous proposons à nos voisins de leur rapporter des courses et faisons ainsi connaissance avec Eric et Suzana, adorable couple franco-suédois ! Ils doivent repartir dans la journée et décline notre proposition.
Nous visitons la chora. Surmontée d’une ancienne forteresse vénitienne et 2 petites chapelles, la ville s’accroche à flanc d’une colline aride et abrupte. De là-haut, la vue sur la baie est époustouflante bien sûr mais c’est d’en bas, de Livadi que cette cité est majestueuse !
Nous descendons voir le port de Livadi car la météo va de nouveau s’aggraver…et nous hésitons à rester à Koutala. Tout compte fait, on y sera mieux, pas de bouée de libre et le port est plein ! On refait l’approvisionnement de fruits et légumes, histoire de tenir pour les quelques jours à venir.
Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous retrouvons Eric et Suzana à la station de taxi! « Ben non, on n’est pas partis…on verra demain ! »
Du coup, nous partageons le retour en taxi, buvons un coup à la taverna…passons un super moment à tchatcher…encore une belle rencontre !
La soirée n’est pas de tout repos, le vent s’époumone de nouveau ! Il aura raison du génois du bateau de loc venu poser son ancre à côté de nous, et c’est un équipage fébrile qui essaie entre les rafales de résoudre leur gros souci de voile… elle s’est mise en coquetier et reste portante sur les deux tiers du haut…le manège dure un bon moment, nous tenant en alerte ainsi qu’Eric qui veille sur son pont ! Ils finissent par résorber ce creux et nous pouvons enfin aller nous coucher.
Au petit matin, les copains s’en vont, le bateau de loc a changé de coin, puis un bateau hollandais arrivé cette nuit tente aussi un départ mais en vain ! Son ancre est enchâssée sous la chaine mère qui git au fond de l’eau ! Manu irait bien leur prêter main forte mais l’annexe est dégonflée et rangée… et puis à 6 à bord…ils ont des bras !
Que de spectacle depuis hier !!!
Ils mettront plus de deux heures à s’en dégager, quand enfin ils décident de plonger pour mettre un orin ! Ayant le matos, bouteille et palmes, on se demande bien pourquoi ils ont tant tardé.
Depuis, nous sommes seuls dans la baie. Un gros yacht est arrivé ce matin se mettre à l’abri, mais bien loin de nous.
Le vent a décidé de nous rejouer sa sarabande et nous voilà de nouveau cantonnés à bord avec entre 25 et 30 nds de vent constant, rafales à 35 ! Ça décoiffe !!! Heureusement, il n’y a pas de houle (ou si peu ! la mer est quand même blanche !) ce qui rend le mouillage « confortable »…et puis nous avons balancé nos 60 mètres de chaine, ça devrait le faire !
Demain, nous quittons Serifos pour Kithnos, le vent devrait mollir un peu aux alentours de 20 nds !
Tiens, Manu m'annonce une pointe à 38,4nds !!!! J'en connais qui vont faire des quarts cette nuit !!!