Mercredi 12/10: Midi...départ d’Oriküm...63 Mn nous séparent de Durres. Jusqu’à 17h, nous bataillons à tirer des bords avec un vent de NW de 8nds qui ne veut pas virer W puis S comme radio Kerkira le prévoyait!
Le soleil a décliné, nous n’avons toujours pas dépassé le cap Treporti et nous avons toujours l’ïle Sazan sur notre arrière babord...décision est prise, nous envoyons le moteur, histoire d’avancer un peu et surtout de caper. 3 heures plus tard, le vent s’établit enfin mais...à l’Est!!! Peu importe, ça nous va, nous renvoyons la toile et filons tranquillement.
Nous longeons les lagunes de Narta et Divjakë, mais nous n’en verrons pratiquement rien, il fait nuit. Pourtant, le ciel est clair et la pleine lune étale ses reflets en une longue coulée mais l’approche des côtes est peu hospitalière pour notre tirant d’eau: très peu de fond, rochers affleurants, deltas de rivières et bancs mouvants...ce serait prendre des risques bien inutiles alors qu’il fait nuit et qu’aucun mouillage ne peut nous abriter.
Nous parcourons donc ces 30 Mn au travers, à distance raisonnable de la côte, jusqu’au cap Laghi. Ah, ce cap Laghi...on cherche désespérément à l’identifier mais impossible de le repérer. Le phare ne fonctionne sûrement pas...tout comme les cardinales Ouest qui balisent une zone de dangers à l’entrée de la baie de Durres!!!
Merci au GPS qui nous permettra de faire route en «toute sécurité».
Naviguer en Albanie n’est pas chose facile. Il existe très peu de cartes marines, souvent elles sont anciennes et l’échelle peu adaptée à du cabotage. Ainsi, régulièrement, nous ne trouvons pas les balises que nous sommes censés rencontrer, les rythmes des feux ont changé où ne fonctionnent pas...Le manque de détails n’aide pas pour les mouillages forains, et il est parfois difficile de prévoir où poser la pioche sans connaitre les profondeurs et nature des fonds...mais bon, on fait avec et pour l’instant, on ne se débrouille pas trop mal.
Passé le cap Laghi, les 11 derniers miles nous font avancer bon train avec un vent passé SSE à 15 nds et à 5 h du mat, nous finissons d’amarrer le bateau dans ce grand port de commerce. Ce sont en fait 68 Mn que nous avons fait.
Le capitaine du port que nous avions contacté (via le canal 15), passe nous voir et nous annonce qu’un agent passera d’ici 1h pour les formalités. Nous essayons de négocier pour les faire nous-même mais c’est sans appel!...Il nous faut passer par un agent!!!
Toujours la même chanson, nous avons le même statut qu’un cargo...pourtant côté et taille et confort, c’est pas la même. Côté finance non plus...
On aurait bien été se pageoter illico-presto, mais autant se débarrasser des paperasses. Nous en sommes quitte pour 55 euros de formalités plus 10 par nuit.
Puisque c’est le même cirque dans chaque port, nous décidons de rester jusqu’à lundi et shunter l’étape de Shengji, à la frontière Monténégrine. Nous irons, à partir du Monténegro, explorer ce coin de côte...ou reviendrons plus tard...
Nous voilà donc calés pour les 4 jours à venir, entre bateaux pilote et cargos.
Vite...au lit...quelques heures de sommeil ne seront pas superflues!
Jeudi 13/10: La journée est déjà bien entamée et nous n’irons aujourd’hui que prendre la «température» de la ville. Décidément, nous ne sommes vraiment pas des citadins...et nous ne trouvons pas grand charme à cette cité, moderne dans l’ensemble. Après avoir déambuler dans le centre à la recherche des vieux quartiers, nous partons en bord de mer, nous attendant à retrouver le charme et l’ambiance de la «croisette» de Sarandë. Nous sommes déçus, et seuls, le soleil couchant et la rencontre avec un vieux papy qui nous fera goûter le raki qu’il cache dans sa poche, nous charmera.
A peine rentrés au bateau, c’est le déluge: pluie, grêle, éclairs, vent s’abattent sur Durres, levant des vagues qui passent par-dessus le pont. C’est impressionnant!
On s’assure de l’amarrage, protégeons la coque côté quai en mettant tous nos pare-battages, et nous enfermons à l’abri de ces bourrasques et coups de boutoir...Cette fois, c’est un vent de SE, le Yugo, proche parent du Sirocco...On n’en a pas fini, je crois, de ces coups de vent...Une fois encore, la cabine avant est trempée. Le joint du capot ne fait plus fonction d’étanchéité. Nous avons vainement tenté d’en trouver un de rechange mais c’est un vieux modèle qui n’existe plus. Faut bien faire marcher le commerce...mais nous n’allons tout de même pas changer le capot pour un simple joint usagé. Manu va s’y pencher sérieusement!
Vendredi 14/10: Tirana, la capitale! Un million d’habitants...
La ville est très étendue mais nous nous contenterons du centre ville, où sont concentrés les grands pôles d'intérêt touristique. Nous trouvons l’office du tourisme et partons, plan en main, à la découverte de Tirana. Le coeur «historique» est en fait très petit et nous pouvons aisément en faire le tour dans la journée.
Le coeur de Tirana est plutôt agréable, aéré, de grands parcs offrant des opportunités de haltes paisibles dans ce tumulte. Là encore, c’est en plein essor, entre constructions et rénovations, mise en valeur du patrimoine...
La ville est partagée par la rivière Ana, et sur l’un de ses ponts, les bouquinistes proposent de nombreux livres. Je vais y dénicher un recueil de nouvelles d’écrivains albanais traduit en français que bien sûr, j’achète...
Il ne fait pas très chaud et puis, en début d’après-midi, la pluie s’en mêle. Après 2h de ce rythme, la balade devient franchement désagréable même si nos ponchos Décathlon nous protègent. Je suis partie en sandales et j’ai les arpions gelés...Nous optons pour une pause collation, histoire de se réchauffer. En fait de chocolat chaud, c’est une espèce de «blédine» que l’on me sert, quand à Manu, c’est de la poudre de «thé instantané», à l’odeur alléchante des rince-doigts au citron...HUM...pas terrible tout ça!
On poursuit quand même nos tribulations jusqu’aux universités, en passant par un pâtisserie (faut bien un p’tit remontant!!!), puis retour vers la station de bus. Nous nous faisons héler en chemin par un minibus, le tour est joué, il va à Durres.
Nous ne sommes pas séduits par ces grandes villes et préférons de loin Sarendë.
Ce week-end, nous avons quelques bricolages à faire puis préparons notre départ pour le Monténégro.
Si tout se passe comme prévu, lundi nous quittons l’Albanie.
Nous regrettons de ne pouvoir nous attarder davantage mais les conditions de navigation sont de plus en plus difficiles et les ports absolument pas abrités. Rien n’est prévu pour la plaisance (à l’exception de la marina d’Oriküm), et il n’est pas envisageable de laisser le bateau plusieurs jours, en cette période, dans un port de commerce.
Et puis, je dois rentrer mi-novembre, mon billet me fait partir de Dubrovnik...et d’ici la, nous voulons aller dans les bouches de Kotor.
Nous reviendrons sûrement, un jour, peut-être par la terre, pour profiter de l’arrière-pays, ses montagnes et ses lacs, en toute liberté.