Le voyage de Ladybird...

Le remède de grand-mère concocté par nos hôteliers a fait son effet et Manu se sent nettement mieux au petit matin!

Tant mieux, car nous avions vraiment envie d'aller trainer nos baskets du côté d'Ihlara, considéré comme la perle rare de Cappadoce: ni cônes, ni cheminées de fée, ni pitons, Ihlara est un canyon, une faille serrée entre deux falaises de plus de 100m de haut. Des paysages à couper le souffle à ce qu'on nous a dit...

Après un copieux p'tit dèj façon turque, nous prenons la route...Il fait toujours un froid de canard mais un grand soleil illumine le paysage qui nous avait paru si terne il y a 2 jours...et puis la neige a déposé un voile blanc sur la plaine, c'est beau!

Plus nous avançons, plus le voile s'épaissit et les montagnes sont totalement enneigées...trop cool, ça faisait bien longtemps...

Nous bifurquons vers Narligöl pour une petite balade; un lac dans le cratère d'un ancien volcan...

Juste à l'entrée du village d'Ihlara, la faille s'ouvre devant nous et nous laisse découvrir cette fameuse "vallée"...

Le temps d'une pause çai (thé) sur la place du village...

...quelques ruelles à découvrir...

...et nous rejoignons l'entrée du site...

On descend dans le canyon par un grand escalier de quelques 380 marches, adossé à la falaise et découvrant un point de vue vertigineux sur le site.

Au fond, la rivière Melendiz, serpente à l'ombre des oliviers sauvages et peupliers, dessinant un large sillon bleu-vert au pied des parois ocre-rose. 

L'ensemble des gorges s'étire sur 14km entre le village d'Ihlara et Selime. 

Elle cache dans ses falaises d'innombrables églises, pigeonniers, greniers et habitations, témoignant d'un très important peuplement. Dés le 7 ème siècle, le canyon accueillit des milliers de chrétiens chassés de Syrie, Palestine, et Mésopotamie par les Arabes. N'ayez crainte, nous n'étions pas là pour les troglos que nous avons largement explorés dans les autres vallées et s'en est fini des photos de vielles pierres...vous n'aurez que les fabuleux paysages que nous avons traversés!

Jusqu'à Belisima, les gorges sont très étroites pour ensuite s'écarter brutalement.

La rivière s'élargit, dégageant une vallée semée de rochers. 

Puis de nouveau, les parois abruptes se sculptent d'immenses cônes, c'est à nouveau la Cappadoce...telle que nous la connaissons! 

A Yaprakhisar, nous quittons la vallée et ne faisons pas les 2 derniers km qui nous feraient rejoindre Selime et son ancien monastère...il est tard et nous ne savons encore trop comment nous allons rejoindre la voiture que nous avons laissée à l'entrée des gorges!!! 

Les gens du village nous indiquent où prendre le dolmus et c'est avec les gardes de la vallée que nous l'attendons. Encore un bon moment à tchatcher et plaisanter!

Nous quittons Ihlara avec le soleil couchant, heureux de cette belle journée...

Le séjour tire à sa fin, demain nos chemins se séparent...

Nous ferons bus à part...Manu vers Bodrum pour finaliser les dernières bricoles avant la remise à l'eau et moi sur Istanbul puis Bordeaux pour la naissance de ma pitchounette!!!

Ce séjour en Cappadoce restera un de nos très beau souvenir de Turquie, une région magnifique qui mérite que l'on s'y attarde...les sentiers y sont si nombreux que 10 jours n'ont pas suffi à assouvir notre soif de balade!

En tout cas, ça nous donne encore plus envie d'aller dans la région du lac de Van mais...à une saison plus clémente!!!

Rendez-vous désormais dans une quinzaine, pour les nouvelles aventures maritimes de Ladybird... 

Je ne plaisantais pas avec mes ampoules aux pieds, elles sont à vif et impossible de remettre mes pompes de randos !!!

Nous décidons donc de faire plus cool, quelques belles balades dans des vallées plus accessibles mais aussi... plus touristiques.

Nous partons dans la vallée de l'amour...les cheminées de fées y sont très suggestives pour les esprits mal placés...champignons, huttes ou phalus géants, choisissez votre interprétation!!!

Le site est une fois encore enchanteur et nous y flânerons un bon moment...En sandales, je glisse passablement et nous resterons donc au coeur des cheminées sans s'aventurer trop avant dans la vallée qui rejoint Üchisar, notre prochaine étape.

La bourgade est très touristique avec son piton rocheux percé comme du gruyère...Il servait de tour de guet et de refuge pour les villageois et un tunnel permettait aux assiégés de se ravitailler ou de s'échapper. Par mesure de sécurité, les galeries sont fermées mais nous ne manquons pas d'y grimper pour embrasser le panorama tout en nous prélassant au soleil en sirotant un thé!

Ce sera basta pour cette journée de mercredi, un petit coup de mou de mon côté...

Jeudi, toujours grand beau, on en profite...

Pasabag, hyper touristique car accessible aux cars, et dont les cheminées de fées sont réputées comme étant les plus belles de Cappadoce. Elles sont chouettes certes mais on en a vu d'aussi belles dans la vallée du miel ou celle de l'amour.

Des ermitages ont été creusés dans la roche au 10ème siècle par des moines stylites, mais pris d'assaut par la foule il est difficile d'y accéder.

Le poste de gendarmerie est surprenant, dans un cone de tuf! Nos gendarmes dans leurs sinistres casernes vont regretter de ne pas être nommés à Pasabag...

Nous enchainons avec le cirque de Zelve, absolument magnifique. C'est l'heure du repas pour les groupes et nous en profitons pour jouir du site en solitaires, y'a pas à dire, c'est vachement mieux...

Grand centre religieux du 9ème au 13ème siècles, Zelve abrita une importante cité troglodytique, habitée jusqu'en 1950 où elle fut évacuée pour des raisons de sécurité. Incroyable, on a peine à imaginer que toute une population y vivait encore il n'y a pas si longtemps. Le site se scinde en 3 vallées reliées par tout un réseau de tunnels, sentiers, échelles...on y découvre églises, pressoirs, habitats, fours à pain...S'il est dommage de ne plus pouvoir emprunter certains passages, le danger d'éboulement étant suffisamment important pour justifier certaines restrictions, le site n'en demeure pas moins grandiose, cerné d'impressionnantes falaises.  

Nous rejoignons ensuite la vallée de Devrent décrite dans notre guide comme un admirable bestiaire. A l'exception du "camel rock", nous avons bien du mal à voir une faune extravagante!!! Nous ne devons pas avoir les bonnes clopes...

On pique-nique face à ce chameau, vite rejoints par 2 quatre pattes en mal de gamelle et qui profiteront d'un moment d'inattention pour nous piquer le sac!!!

Nous attendons que le gros des groupes soit parti pour nous enfoncer dans ce paysage resté inhabité et où seul l'érosion a sculpté les  rochers.

Par contre, le terrain est très accidenté et je me vautre lamentablement, tombant avec la légèreté qui m'est bien connue sur... ma main droite, celle qui me fait souffrir depuis 2 mois!

Super, maintenant c'est tout le bras qui est endolori! Une vraie plaie cette nana...mes parents ne s'y étaient pas fourvoyés en m'afflubant des sobriquets de "calamity Jane" ou "miss catastrophe"! Bref, vous me connaissez...

De cette journée, nous restons sous le charme de Zelve...

Ben oui, on l'a fait! On s'est offert un petit survol des vallées enchantées en montgolfière...un rien génial!

La météo n'est pas avec nous, il pèle dru, le ciel est couvert. Nous sommes nombreux dans les airs à glisser dans ces paysages de rêve, plongeant dans les vallées, rasant les sommets des cônes volcaniques, s'élevant dans les airs dans un silence presque absolu. Tantôt deux ballons se frôlent, mais l'exercice est bien maitrisé des pilotes!

Si nous ne profitons pas d'un lever de soleil exceptionnel, Ali, notre pilote, nous offre une montée à plus de 1000 mètres d'altitude.

 Nous passons au-dessus des nuages. Là, c'est vraiment exceptionnel...Nous naviguons au-dessus d'une mer floconeuse. Les rayons du soleil réchauffent un peu nos carcasses, ça fait du bien.

 L'ombre de notre ballon nous accompagne, puis soudain, emmerge une autre montgolfière aux couleurs du drapeau turc...c'est vraiment superbe. 

La redescente est douce et l'atterrissage surprenant. La nacelle se pose tout simplement sur la remorque, en douceur...L'équipe au sol a suivi notre "voyage" et nous attend à l'arrivée pour aider notre pilote à se poser et nous offrir une coupe de champagne. Trop cool...une fois encore on "plane"!!!

On enchaine avec une balade à Cavusin. Adossé à une falaise criblée d'anciennes habitations troglodytes, le village est charmant.

On poursuit sur Avanos, ville riche de son activité artisanale. Outre le tissage des tapis et la taille de l'onyx, c'est le fief des potiers.

Nous partagerons un moment avec l'un d'entre eux, buvant le thé alors qu'il tourne devant nous un vase à col de signe. Il nous explique les différentes étapes de la fabrication, séchage, polissage et cuisson dans son four à bois et tout ça en français. La ville est jumelée à Nuit-Saint-Georges et nombre des habitants parlent notre langue, plutôt rare en Turquie. Là encore nous passons un super moment surtout que Mehmet est spécialisé dans la confection d'instruments de musique (darbuka, udu, gatham) et...en joue!

Pour changer de décor, nous allons visiter le caravansérail Seldjoukide de Sari Han, perdu au milieu d'une immense steppe . La bâtisse date du 13ème siècle et a été joliement restaurée. 

 Il n'y a pas un chat, le gardien nous ouvre l'ensemble des salles et nous pouvons à loisir y déambuler. La grande salle où les caravaniers dormaient est désormais aménagée pour accueillir chaque soir un spectacle de danses des derviches tourneurs, les arcades où chameaux et chevaux s'abritaient servent de salons pour les touristes fatigués...Il n'y a plus de caravanes qui passent, alors il faut bien faire vivre ce lieu différemment.

Au retour, nous passons par Urgüp où nous trouvons enfin un syndicat d'initiative digne de ce nom, récupérons une carte des sentiers pédestres et de la doc en français puis filons en repérage pour les randos à venir...

Nous rentrons par le chemin des écoliers...

Encore une journée bien agréable malgré le froid qui persiste...