Une navigation laborieuse!!!

Mercredi 26/06, 8h du mat, nous quittons Levitha sous un vent d’W  à 25 nds. On prend direct 2 ris dans la GV et déroulons seulement un bout du génois. On avance à 6 nds, c’est ok mais la houle se forme de plus en plus et il n’est plus question de trop serrer le vent, le bateau tape et ralentit furieusement à chaque passage de vague !

Nous devons faire un choix ! Passage par le nord ou le sud de l’île ??? J’opterais bien pour le sud mais Manu craint les fortes rafales qui dévalent les pentes d’Amorgos, ce en quoi il n’a pas tort… Nous prenons donc l’option par le nord !

Tout va bien pour l’instant, le bateau file sur un bord  jusqu’à l’approche de l’îlot Liadhi, à l’est d’Amorgos , Là, il va falloir attaquer les bords de prés…et ça n’en finit pas…Nous sommes 3 voiliers à jouer ainsi et notre pepette se défend sacrement bien…bien maigre satisfaction quand à la route que nous faisons en plus !

Le vent a molli et la houle nous ennuie de plus en plus. Nous avançons nickel sur tribord amure mais alors, qu’est-ce qu’on se traine sur bâbord… Après quelques heures de ce régime « machine à laver à l’essorage »  , nous pensions en avoir fini de nos bords de prés et descendre tranquillement la côte ouest .  Ben queu dal !!! On se retrouve encore avec le vent dans le pif, et qui mollit, mollit et nous on se languit de le voir revenir et s’orienter NW comme ils l’ont prévu ! 

Et cette putain de houle…  « chopy » qui disent dans notre bouquin ! On ne savait pas ce que ça voulait dire et bien on va vous le traduire en langage de terrien ! MERDIQUE ! confuse, croisée, désordonnée…un vrai bonheur !

Bref, le vent tombe complet, on s’retrouve dans c’te mélasse et il reste encore de la route ! On envoie le moteur, tout comme les 2 autres voiliers. On se fait brasser copieusement la couenne, de quoi gerber tripes et boyaux. Heureusement qu’on les a bien solides…et on est quitte pour subir cette infamie 2 heures durant.Bon, les paysages sont superbes...c'est déjà ça!

N’ayant pas les nouveaux fichiers météo (pour ce qu’ils valent me direz-vous, on pourrait s’en passer ! Mais quand même, ça donne une idée…surtout pour les gros coups de tabac) nous voulons rallier la baie de Katapola où nous trouverons un abri de quasi tous les secteurs.

Enfin l’arrivée (après avoir parcouru 54 miles au lieu de 33!!!), la baie s’ouvre devant nous, j’imagine déjà la bonne bière fraîche qui m’attend en profitant du coucher de soleil. Ça fait quand même pas loin de 11 heures que nous sommes sur l’eau, à tirer des bords, tout ça  pour finir par 2 heures de Nanni, c’est quand même pas trop demander que cette petite consolation que d’une petite blonde qui mousse…

C’était sans compter sur le coup de la panne, celle qui arrive toujours au mauvais moment. Le moteur nous fait une subite baisse de régime et s’arrête… De chaque côté, la côte…faut réagir vite…on renvoie le génois, mais avec 5 nds de vent, on ne fera pas de miracle ! Enfin, y’en aura juste assez pour rejoindre la zone de mouillage et jeter l’ancre ! Une dizaine de bateaux y sont déjà et nous observent arriver et mouiller toilé…10 mètres d’eau, 25 mètres de chaine et on Manu essaie de relancer le moteur histoire de faire une bonne marche arrière pour s’assurer que notre CQR a  bien accroché ! Peine perdue, veut rien savoir l’abruti ! P’têt une petite rafale pour nous faire reculer ??? Là encore, queu dal, le vent ne veut rien savoir !

Sur les autres voiliers, c’est l’indifférence la plus complète, chacun pour soi, Dieu pour tous ! C’est pas faute de nous entendre essayer de relancer le bestiau, de nous voir courir sur le pont…mais rien, nada, pas un pour venir nous prêter main forte.

Du coup, Manu gonfle l’annexe et part à terre chercher quelqu’un pour nous remorquer au quai, me laissant seule à bord au cas où on dérape.

Je prépare le mouillage arrière, les aussières en vue du remorquage et surveille…surveille…La nuit tombe jusqu’à devenir bien noire…Manu n’est pas de retour et je commence à trouver le temps long.

J’ai toujours pas bu ma bière !!! J’y pense même plus…trop préoccupée !

Enfin, je vois arriver un bateau de pêche avec Manu dessus. C’est bon, ce soir on va pouvoir roupiller sur nos deux oreilles ! Yanis, le patron-pêcheur, nous prend à couple et nous remorque sur le quai du ferry, où il nous dépose en douceur. Adorable…et tout ça avec le sourire et sans rien demander ! Merci merci !!! Demain soir,  nous viendrons dîner dans ton resto et t’apporter une bonne bouteille pour te remercier de ton aide.

Pour l’heure, on amarre, on est crevé et pas envie de faire à bouffer. Une petite taverna nous tend les bras juste devant le bateau, un gyros pita fera bien l’affaire et à défaut de bière, je m’envoie un ouzo ! Comme à chaque fois qu’on se fait brasser, j’ai le mal de terre à l’arrivée et du coup, tanguer pour tanguer, je m’envoie un 2^ème ouzo !

Les garde-côtes viennent nous saluer et nous proposent de nous appeler un mécano. Nous expliquons que pour l’instant  nous avons besoin de nous reposer et qu’on verra ça demain, après que Manu ait jeté un coup d’œil, en espérant que nous pourrons gérer par nous même! Très courtois en tout cas…

Une bonne nuit de sommeil et ce matin Manu y regarde.

Enfin, quand il a les yeux ouverts!

L’arrivée de gazoil s’est désamorcée !!! Rien de grave donc mais pourquoi s’est-elle désamorcée, mystère. Nous avons le plein, pas de fuite sur le circuit…alors encore un de ces mystère que nous n’éluciderons pas mais ce qui reste inquiétant, c’est que ça puisse se désamorcer « comme ça » !!!

En tout cas, on a bien fait de venir se mettre à l’abri, Yanis a annoncé du 7B pour ce soir et qui, selon la météo, va forcir à 8 ce week-end !

Nous allons avoir le temps de randonner dans l’île qui offre de magnifiques sentiers balisés et puis…ça a encore l’air drôlement beau !